Le nouveau chapitre I, Bâtiment du Code de construction du Québec, constitué du Code national du bâtiment 2015 modifié, est entré en vigueur le 8 janvier 2022. Une période transitoire de 18 mois est prévue. Les bâtiments construits ou transformés entre janvier 2022 et juin 2023 peuvent donc respecter l’ancienne ou la nouvelle édition du Code.
Les nouveaux éléments contenus dans ce chapitre améliorent notamment la réglementation dans le domaine du bâtiment en matière de santé, de sécurité et de qualité de vie des occupants. Des changements majeurs touchent particulièrement la ventilation centralisée des immeubles multilogements.
Avertissement
La Régie du bâtiment du Québec a mis sur pied un sous-groupe de travail concernant la ventilation centralisée des logements (SGT.VCL) où les principaux acteurs du domaine de la ventilation au Québec, dont l’auteur de cet article, ont travaillé de concert afin de résoudre diverses problématiques liées à la ventilation dans les immeubles multilogements. Ceux-ci en sont venus à une entente afin de considérer ce qui suit.
D’entrée de jeu, il est bon de distinguer les rôles des deux types de systèmes de CVAC qui sont requis par les nouvelles exigences du Code. En effet, traditionnellement, les exigences portaient surtout sur la ventilation dans le but d’offrir une meilleure qualité d’air aux occupants. La nouvelle réglementation impose maintenant de compenser les extractions supplémentaires dans le but de limiter le plus possible les transferts de contaminants d’un logement à l’autre ou par le corridor.
Par ailleurs, il faut veiller à ce que l’installation de ventilation puisse empêcher l’assèchement excessif de l’air ambiant en période hivernale. L’utilisation d’un ventilateur récupérateur d’énergie (VRE) est recommandée pour diminuer de manière substantielle les requis d’humidification.
Pour répondre au besoin de salubrité de l’air, il est recommandé d’utiliser un VRE strictement réservé à cette fin. Selon le Code, les utilisateurs ne peuvent plus interrompre le débit d’air de ventilation dans leur logement. Le VRE doit donc être à débit fixe.
L’air introduit dans le logement, pour des besoins de salubrité, sera évacué en totalité par une grille d’évacuation localisée dans la salle de bains. Cela évite l’obligation d’installer un extracteur supplémentaire dans la salle de toilette desservie par le VRE à débit constant, si le débit évacué est de 25 L/s ou plus (nouvelle exigence). Le débit maximal alimenté dans chaque logement est contrôlé par un régulateur mécanique de débit afin d’éviter la suralimentation.
Pour la distribution de l’air et les débits requis à l’intérieur du logement, consultez le chapitre 5 du Guide de la ventilation mécanique. Comme l’évacuation de la salle de bains se fait en continu par le VRE, l’exigence d’un extracteur supplémentaire demandé à l’article 6.2.2.9.17) de la précédente version du Code tombe avec la nouvelle version présentement en vigueur.
La compensation de l’air évacué est nécessaire pour éviter une dépressurisation excessive des logements et du bâtiment. Cette dépressurisation est causée par les extractions supplémentaires (hottes de cuisine, sécheuses et ventilateurs de salle de bains) présentes dans chacun des logements.
Le débit évacué par ces extracteurs dépasse largement la capacité d’infiltration de l’enveloppe du bâtiment mentionnée à l’article 5.4.1.2 du Code, soit 0,02 L/(s•m2) à 75 Pa. En fait, en incluant l’infiltration par les portes et les fenêtres, la norme Novoclimat 2.0 limite à 1,5 changement d’air à l’heure l’infiltration d’air dans un bâtiment à 50 Pa. Ce qui est encore une fois nettement insuffisant pour compenser l’air évacué sans occasionner une dépressurisation supérieure aux recommandations du Code. Une bonne pratique est donc de compenser mécaniquement la quasi-totalité de l’air évacué par les extracteurs supplémentaires.
Les études démontrent que l’infiltration d’air ne provient pas strictement des murs extérieurs propres à chaque logement, mais traverse également les murs mitoyens, notamment au pourtour des points de pénétration de la plomberie et de l’électricité et en grande partie au pourtour de la porte donnant sur le corridor commun. Cela confirme qu’il ne faut pas uniquement dépendre de l’infiltration pour compenser l‘air évacué puisqu’elle favorise la migration d’air entre les différents logements et espaces communs de l’immeuble. Une certaine infiltration de l’enveloppe externe est prévisible et peut être déduite du total de compensation d’air mécanique requis.
Afin de pallier ce déséquilibre, une alimentation d’air de compensation adéquate est donc nécessaire. La méthode de compensation suggérée dans le Guide de la ventilation mécanique est issue des travaux du SGT.VCL et repose en partie sur une réelle pressurisation des corridors à la manière des vestibules (voir le point 6.20 du Guide). Cette stratégie minimise le transfert de contaminants par le corridor. La méthode de compensation d’air suggérée tient compte à la fois de la récupération d’énergie, de la pressurisation du corridor ainsi que du transfert de l’air de compensation vers les logements.
Pour ce faire, on utilise un deuxième VRE, cette fois dédié à la compensation d’air, qui permettra de récupérer la chaleur évacuée par les hottes de cuisine. La présence de charpies empêche de combiner les sécheuses à cette récupération d’énergie, bien que son débit soit comptabilisé dans le total du débit d’air à compenser.
Selon l’entente du SGT.VCL, le débit d’air alimenté par ce VRE sera égal au débit d’air évacué pour prendre en compte les deux plus grands débits des autres appareils d’évacuation (généralement la hotte de cuisinière ainsi que la sécheuse). Par exemple, pour un appartement possédant une hotte de cuisinière de 221 pcm (100 L/s), une sécheuse de 150 pcm (71 L/s) et deux salles de bains munies toutes deux d’un ventilateur d’évacuation de 53 pcm (25 L/s), on tiendrait compte des deux plus grands débits dans le calcul de compensation d’air de l’appartement, soit la hotte ainsi que la sécheuse.
La compensation d’air sera assurée principalement par un conduit de transfert entre le logement et le réseau de conduits du VRE ainsi qu’une légère infiltration par la porte d’entrée de l’appartement, causée par la pressurisation du corridor et la dépressurisation du logement lors de l’utilisation des extracteurs supplémentaires.
La méthode du Guide propose donc des conduits de transfert avec traitement acoustique du corridor vers chacun des logements, dimensionnés pour y laisser circuler 100 % de l’air d’évacuation de la sécheuse et de la hotte de cuisine. Ces conduits de transfert seront dotés d’un volet coupe-feu/coupe-fumée ainsi que d’un volet à gravité à contrepoids réglable et calibré à un différentiel de 25 Pa (0,1 po H2O) de plus que la pression du conduit de transfert raccordé au réseau du VRE. Ce volet permettra d’éviter l’alimentation constante d’air dans l’appartement lorsqu’aucune évacuation d’air n’y sera effectuée. Le point de chute de l’air ainsi transféré pourra être à l’arrière du réfrigérateur qui est généralement un appareil mal ventilé. Cette façon de faire offre une meilleure circulation d’air aux abords du réfrigérateur lui permettant d’être plus efficace.
Comme la pressurisation du corridor se fera avec le même système que celui dédié à la compensation de l’air évacué, il est suggéré d’appliquer les recommandations de la section 6.20 du Guide de la ventilation mécanique concernant la pressurisation des vestibules. Celle-ci sera obtenue en tenant compte d’un débit de 20 pcm (9 L/s) à 0,01 po H2O (2,5 Pa) pour chacune des portes coupe-fumée homologuée NFPA 105 donnant sur le corridor commun (voir tableau 6.36 du Guide pour le débit des autres types de portes).
Cette somme devient donc le débit minimal alimenté 24 heures sur 24 dans le corridor. On peut anticiper que cette limite inférieure sera atteinte principalement la nuit, soit en période d’inactivité des occupants. Ce débit permettra ainsi de limiter la migration des contaminants des logements vers le corridor en tout temps.
Au minimum précédemment calculé pour pressuriser le corridor s’ajoutera l’excédent des deux plus grands débits évacués par logement, soit généralement la sécheuse et la hotte de cuisine (somme des débits spécifiés aux évacuations principales). Les débits maximaux aux évacuateurs doivent être calculés selon les facteurs de coïncidence présentés à la section 6.18 du Guide. Selon la capacité d’extraction du VRE, d’autres salles de bains pourraient être raccordées au réseau d’évacuation du VRE, éliminant d’autant l’exigence d’un extracteur supplémentaire.
En pratique, la pression dans les différentes parties d’un bâtiment est influencée par les vents, par l’effet de cheminée ainsi que par le déséquilibre entre l’alimentation et l’évacuation d’air. L’équilibre des pressions sera ainsi en partie maintenu par la pressurisation du corridor qui comblera les écarts par transfert.
Lorsque l’évacuation d’air d’une hotte de cuisine ou d’une sécheuse dépressurisera un logement, le volet à gravité s’ouvrira pour transférer l’air du VRE vers le logement. En contrepartie, si les résidents du logement ouvrent une fenêtre du côté des vents engendrant une pressurisation du logement, le volet se fermera pour éviter un transfert de l’air du logement vers le réseau de conduits du VRE.
À l’inverse, si les résidents du logement ouvrent une fenêtre du côté opposé aux vents engendrant une dépressurisation supplémentaire du logement, le volet à gravité s’ouvrira pour éviter un transfert de l’air en provenance d’un logement adjacent dont les résidents auraient maintenu les fenêtres fermées.
Le VRE alimentant les corridors ajustera son débit à ceux évacués par les hottes de cuisine et les sécheuses. De cette façon, la méthode proposée dans le Guide minimise les infiltrations d’air en provenance de l’extérieur et des autres logements, tout en maximisant la récupération d’énergie.
Rappelons que le VRE consacré à la ventilation pour la salubrité des logements est indépendant de celui qui est affecté à la compensation de l’air évacué et qui alimente uniquement les corridors et les logements par un conduit de transfert d’air.
En ce qui concerne la modulation des débits, le VRE dédié à la compensation de l’air évacué ne variant guère à moins de 40 % du débit maximal, le concepteur pourra utiliser au choix la technologie des moteurs EC ou un variateur de fréquence.
Le Code de construction du Québec, Chapitre I – Bâtiment, et Code national du bâtiment – Canada 2015 (modifié) est maintenant mis à votre disposition gratuitement. Cliquez ici pour le télécharger.
Vous trouverez de plus amples informations à ce sujet, ainsi qu’un exemple de calculs et de sélection des équipements mécaniques requis pour la ventilation centralisée, à la section 6.25 du Guide de la ventilation mécanique, édité par la CETAF et la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec. Pour le commander, cliquez ici ou appelez au 514 735-1131/1 866 402-3823. Ce guide est disponible en version imprimée et numérique.
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Ce texte est tiré de la revue Climapresse de juin 2022. Il a été rédigé par Patrice Lévesque, ing.
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