Pas facile de passer le flambeau? Parlez-en à Laurent Couture, un mentor du Réseau Mentorat qui a vendu son entreprise à sa fille.
En 1980, Laurent Couture fonde Toiture Couture avec ses deux frères. L’entrepreneur connaît rapidement un vif succès, embauchant jusqu’à 250 employés. L’entreprise installe des membranes et réalise de l’entretien préventif et correctif pour une clientèle possédant des immeubles commerciaux ou des usines, comme Bombardier, Rio Tinto ou Chronos.
Toiture Couture est dans le top trois de son marché au Québec. Alors que ses deux frères ont pris leur retraite et qu’il atteint le cap de la cinquantaine, Laurent Couture s’interroge sur la suite des choses.
« Je cherchais quelqu’un qui pourrait prendre la relève et assurer la continuité », explique-t-il. « Nous étions cinq actionnaires : mes frères, moi et des personnes clés dans l’entreprise. L’opération relève ne se limitait pas seulement au président. Plusieurs personnes de mon âge occupaient alors des postes clés. Il fallait respecter ceux qui allaient partir tout en faisant de la place à ceux qui arrivaient », ajoute-t-il.
Le chemin a été parsemé d’embûches. Les dirigeants ont refusé une offre américaine, car ils avaient déniché un repreneur potentiel, mais cette avenue n’a pas fonctionné. « Ma fille était intéressée, mais n’était pas prête », se rappelle-t-il. « On s’en allait vers une co-présidence avec mon neveu qui s’est aussi désisté ».
Pendant tout ce temps, Laurent Couture doit faire une sorte de deuil progressif de son entreprise. Un processus mental normal pour tout entrepreneur qui est rendu à cette étape. « Comme fondateur, on doit accepter qu’on ne soit plus le PDG du futur », commente-t-il. « Tu dois passer d’une forme d’existence basée sur le succès en affaires à celle de bonheur personnel. Tu transites donc du statut de personne indispensable à personne remplaçable », poursuit-il.
Contrairement à l’expérience de certains entrepreneurs en fin de carrière, le transfert s’est bien déroulé pour Laurent Couture puisqu’il a pu prendre son temps.
« J’ai suivi le processus sans trop le savoir », dit-il. « On a quand même fait du projet de relève un enjeu stratégique. Chaque année, les actionnaires devaient identifier un repreneur potentiel. Puis, un jour, ma fille nous a révélé qu’elle était prête à reprendre le flambeau, mais moi, j’étais en pleine forme ! ».
Laurent Couture reconnaît qu’il est difficile pour un cédant de se choisir une date de péremption. Pour en venir à bout, il se fixe un rendez-vous décisionnel avec lui-même. La date est arrêtée au 20 juillet de la même année, le jour de son anniversaire.
« Chaque année, on organise un barbecue au début des vacances de la construction », se souvient-il. « J’ai annoncé ma décision ce jour-là, puis le transfert a eu lieu. Les gens ont félicité la nouvelle présidente. C’est comme ça que ce fut officialisé », ajoute-t-il.
Il rachète les parts des autres actionnaires et vend l’entreprise à sa fille, qui, pour la diriger, s’accompagne rapidement d’une équipe de direction formée de trois employés clés. Les jeunes actionnaires ont alors pris leur place. Laurent Couture, lui, est passé à autre chose : le mentorat, notamment.
« Quand on fait une transaction de ce genre, on fait affaire avec des professionnels : notaires, fiscalistes, avocats, comptables, consultants, etc. Bien des cédants et des repreneurs négligent pourtant un apport stratégique : le mentor. Ce dernier est un généraliste : il n’offre pas un regard lié à une compétence particulière, mais offre plutôt l’expérience d’une vie », insiste-t-il.
Comme mentor, Laurent Couture accompagne des cédants et des repreneurs. Et il trouve ça fascinant!
Il revient sur le concept de deuil professionnel : un mentor accompagne un cédant sur ce plan. « Un entrepreneur qui en est rendu là dans sa vie doit accepter sa perte de statut, un changement de rôle qui s’accompagne de détails douloureux. Tu perds ta carte de crédit, ta voiture de service, ton bureau, ton pouvoir de décision, ton réseau. Tu dois laisser toute la place à la nouvelle équipe, qui a son propre style », indique-t-il.
D’autant plus que beaucoup de cédants ont tendance à exprimer difficilement leurs émotions. Un mentor aide à contourner ces difficultés, car le repreneuriat se passe essentiellement sur le plan relationnel. Et cette expérience n’est pas dénuée de frustrations, d’impatiences et d’incompréhensions.
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